[./index.html]
[./quisommes.html]
[./buts.html]
[./questions.html]
[./zonesuivie.html]
[./broseaux.html]
[./bcendre.html]
[./bsaintmartin.html]
[./protection.html]
[./programme.html]
[./dates.html]
[./liens.html]
[Web Creator] [LMSOFT]
Groupe Busard de la LPO Aquitaine
Quel sont les questions qu’on se pose ?
Non seulement les questions préliminaires que se pose tout scientifique dans un programme (pour une raison très simple : s’il détruit son matériel d’étude, ou biaise ses résultats, son étude ne vaut rien et ne sera jamais utilisée ni publiée), mais aussi tous les membres du réseau qui participent à cette opération.

C’est pourquoi, au cours des dernières années, nous avons fait un gros
effort de communication et d’information auprès de tous nos collaborateurs (cela a notamment été fait par et pour la LPO Aquitaine), et avons mis une très grande quantité d’information a disposition de chacun sur le site web dédié a l’opération (www.busards.com), que nous vous engageons à consulter sans modération.
 
Tout d’abord, un programme de marquage national et de très grande ampleur comme celui-ci (4-5000 poussins marqués) répond d’abord à un objectif scientifique et de conservation. Des détails précis à ce sujet sont fournis sur le site web. Nous en sommes venus à ce programme car des questions sans réponses depuis 25 ans bloquent aujourd’hui toute avancée dans la compréhension de la dynamique des populations et la conservation des busards.

Comme tout programme faisant appel à la capture (même des poussins) et au marquage, nous sommes conscients que nous avons un impact. Nous avons bien pesé les inconvénients et les risques et avons discuté pendant 3 ans avec l’ensemble du réseau busards (près de 100 personnes) avant de nous engager ; nous avons obtenu le feu vert du CRBPO, comme du MEDD ; et nous avons bien sûr tout mis en œuvre pour que cet impact soit minime, négligeable, et sans conséquences pour les populations étudiées (c’est l’objet de la suite de ce mail).
Nous rappelons aussi que la décision de s’intégrer au programme est une décision individuelle, personne ni aucune association n’a jamais été « obligée » de participer bien entendu, et nous sommes restés très retenus dans nos sollicitations : nous acceptons parfaitement, et comprenons très bien que certains ne souhaitent pas s’associer à la démarche pour des raisons qui leur sont propres (éthiques, par exemple).

Risques  et impact
Pour ce qui est de l’impact du marquage, ce programme bénéficie de 25 ans de marquage sur le busard cendre, aujourd’hui sur 7 sites différents en France, qui nous ont permis de mettre au point des techniques éprouvées qui minimisent tout type de risque, de trouver du bon matériel pour les marques, et de savoir former les marqueurs. Par rapport aux différents risques que vous évoquez, voici ce que nous sommes en mesure de vous répondre:
 
*Risque de prédation: le taux de prédation moyen (sur 16 ans, encéréaliculture) est de 15-17%, mais il monte à 25-30% en année sans campagnols (comme cette année), et descend à 10% lors des pics de campagnols (comme l’an dernier). C’est un taux très faible pour un oiseau nichant à terre. Nous n’avons aucune évidence, sur nos sites d’étude que les visites augmentent ce risque (lorsqu’elles sont bien faites, et nous avons formé tous les marqueurs à ce niveau). Nous souhaitons également souligner qu’en France, environ 60% des nids de busard cendre sont détruits par les travaux agricoles, et il semble donc préférable de trouver les nids (et les visiter pour programmer les actions envers les agriculteurs) même si le taux de prédation s’en trouvait augmenté (ce que, nous le répétons, nous n’avons pas réussi statistiquement à détecter, ce qui veut dire qu’il est, s’il existe, très faible) plutôt que de les laisser se faire détruire. 

*Le marquage quant à lui n’augmente pas le taux de prédation : pour moitié environ, les nids sont prédatés au stade œuf par des corvidés, et pour moitie au stade petit poussin par des carnivores. On ne connaît pas de cas avéré de prédation sur un poussin volant suite au marquage, et là encore, tous les cas de mortalité relèvent de moissonneuse batteuse et de collision avec les voitures.
 
*Marquage et agrafes : les agrafes sont posées dans le patagium du poussin, qui est une zone de la peau faiblement irriguée et non innervée (voir site www.aguilucho.free.fr). C’est l’équivalent de la pose d’une boucle d’oreille chez nous. Nous n’avons jamais constaté de cas d’infection sur des oiseaux recaptures, y compris 10 ans après : au plus, le trou de l’agrafe s’agrandit un petit peu, et il se forme un cal.
 
*Vol et gêne induite : pour ceux qui ont l’occasion de voir des oiseaux marqués posés, ils verront que les marques sont lissées comme les plumes (les oiseaux prennent les marques pour des plumes en fait). Quand à la gêne en vol, nous avons vu des centaines de busards marqués en vol, chasser et parader, et aucun de nous n’a jamais rien noté mais nous ne pouvons exclure qu’il existe une gêne malgré tout). Plusieurs individus marqués ont été retrouvés cet hiver en Afrique, et des centaines d’individus de la cohorte de poussins 2007 ont déjà été revus en 2008.
 
*parades et appariement : nous avons testé statistiquement si les marques ont un effet sur la survie adulte, ou sur le taux d’appariement des mâles comme des femelles. Nous n’avons strictement rien trouvé (cette étude n’est pas publiée dans une revue scientifique, ce que nous ferons à l’occasion de ce programme, mais nous avons présenté ces résultats et ils sont disponibles dans un numéro de la Circuslaire). Là encore, on ne peut exclure totalement qu’il existe un effet, mais nous ne le détectons pas malgré de grandes tailles d’échantillon.

Intérêt scientifique
Juger de l’intérêt scientifique d’un programme est complexe, et même les scientifiques eux même ont souvent du mal à réaliser cet exercice. Vous pouvez éventuellement ne pas adhérer aux arguments que nous soumettons pour convaincre de l’intérêt, pour la science comme pour la conservation de cette espèce. Beaucoup de personnes, dont nous,(aussi bien les scientifiques que les protecteurs) sont viscéralement convaincus que la conservation et la gestion de la biodiversité passe par l’approche scientifique et la connaissance, et nous vous invitons donc à vous renseigner sur l’immense travail bénévole ainsi que de la part des scientifiques (cela se compte en dizaine de milliers d’heures chaque année) réalisé pour étudier et protéger cette espèce. Nous ajoutons enfin que grâce à ce programme, le réseau de surveillance s’est trouvé redynamisé, et de l’ordre de 1000 nids ont été protégés en 2007 comme en 2008, en partie dans la dynamique de ce programme. Ce programme ne s’arrête pas en 2008, il commence, car nous attendons de tous les observateurs qu’ils nous envoient des contrôles d’oiseaux marqués (via le site web). Par ailleurs, le marquage continue sur les 7 sites d’étude à long terme. Le marquage à grande échelle des poussins, en revanche, est très circoncis dans le temps (nous nous y sommes engagés), et ne concerne a priori que 2007 et 2008 (une discussion est ouverte concernant 2009 pour compléter l’échantillonnage sur certaines zones mal couvertes).
 
Vincent Bretagnolle (CNRS Chizé), Benoit VanHecke (LPO 86), Jean-Luc Bourrioux (ONF), Thierry Printemps (LPO 49), Marie- Françoise Canevet (LPO 33 et coordinatrice du marquage en Aquitaine)